Pas de retransmission télévisée en direct

Le Boxing Day 2025, le plus grand événement annuel de boxe en Suisse, approche à grands pas. L'édition de cette année marque un tournant stratégique : l'événement ne sera plus retransmis en direct à la télévision. Dans une interview, l'organisateur Leander Strupler explique les raisons de cette décision, le travail de préparation qui a duré plusieurs années, les réalités économiques et le fonctionnement du partenariat médiatique avec Blick.

19 décembre 2025
Leander Strupler Boxen TV Uebertragung

Leander, le Boxing Day 2025 ne sera plus diffusé en direct sur blue Sport. Pourquoi cette décision ?

La raison est qu’aucune solution financièrement durable n’a pu être trouvée à ce stade. Cette décision est émotionnellement difficile, mais rationnellement cohérente.

Peux-tu expliquer plus en détail les raisons à destination des fans de boxe ?

Depuis 2022, j’ai eu la chance de collaborer étroitement avec blue Sport. Je leur suis très reconnaissant pour cette coopération enrichissante, tant sur le plan humain que professionnel. J’ai été le premier promoteur suisse à travailler avec une chaîne de télévision sur plusieurs événements consécutifs. 

Dès le départ, j’étais conscient qu’il s’agissait d’un travail de construction, sur les plans sportif, technique et éditorial, y compris du côté du diffuseur. À mes yeux, cette évolution a été réussie. Lors de nos deux derniers événements, nous avons proposé un produit de télévision en direct arrivé à maturité. Ce qui a manqué, en revanche, c’est la perspective d’un financement durable.

Concrètement, à quoi ressemblait la collaboration avec blue Sport ?

Sur plusieurs années, nous avons pu diffuser deux à trois événements en direct chaque année. Sur le plan éditorial et technique, nous nous sommes constamment améliorés. J’ai mis en place une production TV propre avec un partenaire spécialisé et fait évoluer le dispositif en continu, notamment avec l’ajout d’une grue TV pour des images plus dynamiques. Avec Tobias Drews au commentaire et Stefan Angehrn comme consultant, nous disposions d’une équipe solide. L’audience a également progressé de manière constante. Lors de la dernière diffusion en direct, le Vendredi saint 2025 au Stadttheater de Berne, près de 60 000 personnes ont suivi l’événement à la télévision.

Pourtant, cette coopération n’était pas rentable ?

La courbe d’apprentissage et la portée médiatique ont été très positives. Mais pour moi, cela restait un poste de dépenses que je finançais en grande partie, car les revenus issus des droits TV étaient toujours inférieurs aux coûts de production.

J’ai accepté cette situation pendant un certain temps, de manière volontaire, comme un investissement pour rendre la boxe plus visible au niveau national, développer l’audience et faire évoluer le produit. À long terme, ce n’est toutefois pas un modèle économique viable.

À quel moment as-tu estimé que cela ne pouvait plus continuer ainsi ?

Aujourd’hui, parce que nous sommes arrivés à un niveau où nous proposons un excellent produit de télévision en direct. Nous garantissons des combats attractifs, des titres régionaux WBO, et désormais même un championnat du monde féminin.

Sur le plan de la production également, nous étions à un niveau comparable aux diffusions internationales. À partir de ce stade, il devait au moins exister une perspective de monétisation de la diffusion TV. Cette perspective faisait défaut.

Est-ce lié à blue Sport ou plus largement au marché suisse ?

Il ne s’agit en aucun cas d’une critique à l’égard de blue Sport. Bien au contraire : la collaboration a été très constructive et professionnelle. Blue Sport est avant tout une chaîne de football. Ce qui manque en Suisse, c’est une chaîne qui s’engage stratégiquement en faveur de la boxe. Si la boxe n’est diffusée qu’une ou deux fois par an, il est impossible de construire une audience large et fidèle.

Un diffuseur devrait traiter ce sport tout au long de l’année : combats, portraits, documentaires, événements internationaux. Je suis convaincu que cela présente un potentiel économique. Des acteurs internationaux comme Sky ou DAZN, et plus récemment Netflix ou Paramount, en apportent la démonstration.

As-tu également discuté avec d’autres chaînes ?

Oui, ces discussions se poursuivent. Je n’exclus pas que de nouvelles opportunités se présentent à l’avenir. Mais en tant que dirigeant de Swiss Pro Boxing, je porte la responsabilité de la viabilité économique. Je ne peux pas, sur le long terme, exploiter un modèle qui ne s’équilibre pas financièrement.

Quel rôle joue la vente de billets dans cette décision ?

Partout dans le monde, la boxe professionnelle se finance par des spectateurs payants : soit via les billets, soit via le pay-TV. En Suisse, il n’existe actuellement pas de modèle pay-TV fonctionnel pour la boxe. La vente de billets est donc essentielle pour nous ; c’est notre principale source de revenus. Une diffusion en clair peut même réduire cette vente de billets, raison pour laquelle j’ai dû remettre en question la retransmission en direct.

Ressentez-vous déjà concrètement ce recentrage sur la billetterie ?

Oui. Au cours des dix dernières années, nous avons toujours enregistré une progression constante. Cette année, la dynamique est encore plus marquée. Les ventes de billets pour le Boxing Day 2025 évoluent nettement plus positivement que l’an dernier.

La collaboration médiatique avec Blick se poursuit néanmoins. Pourquoi est-ce important pour vous ?

Parce que je souhaite garantir une portée nationale. Nous voulons continuer à grandir et toucher des personnes au-delà de notre communauté existante.

Blick est pour cela un partenaire idéal. Le média diffuse les temps forts de nos événements à l’échelle nationale. Cela fonctionne pour les deux parties : Blick génère de bons chiffres d’audience, et nous montrons les meilleures scènes à un large public, sans concurrencer la vente de billets.

Quelle est l’importance de ce changement pour le sponsoring ?

Honnêtement, l’enthousiasme des sponsors pour la diffusion TV a été limité. Pour eux, ce sont avant tout les valeurs du sport et la communauté touchée sur place et via nos canaux numériques qui comptent. La portée obtenue grâce à la collaboration avec Blick constitue un complément appréciable, tant pour les sponsors que pour les boxeuses et boxeurs, mais elle n’a jamais été la raison principale d’un engagement.

Que signifie cette décision pour l’avenir de Swiss Pro Boxing ?

Je souhaite miser sur un système durable. Mon objectif est de servir la boxe sur le long terme, ce qui suppose des événements économiquement stables.

Nous voulons poursuivre notre croissance, mais de manière réfléchie. Le Boxing Day 2025 constitue une étape importante dans cette direction.

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